Indépendance, précarités et société salariale

22 Septembre 2015 • Patrick Cingolani

Le travail précaire, le désir d’indépendance par rapport à la société salariale est l’objet de l’étude de Patrick Congolani. Ses réflexions se fondent sur une enquête réalisée auprès d’une centaine de plus ou moins jeunes travailleurs des « nouvelles professions »(principalement dans le secteur culturel : graphiste, pigiste, infographiste, informaticien etc..). La précarité peut désigner aussi bien des discontinuités subies (des conditions d’emploi dégradées) que négociées au travers de la recherche d’un travail non totalement subordonné. C’est ce second aspect qu’il développe ici, en réinterrogeant les relations de travail au-delà d’un discours traditionnel sur l’aliénation. Il montre les ambivalences de la recherche d’autonomie, de valorisation, du refus de subordination, qui n’exclut dans les faits ni la souffrance au travail, ni l’exploitation, la concurrence, et qui repose souvent sur de nouvelles formes de solidarité familiale. Ce processus de « précarisation » est en expansion. Il nous faut donc repenser la question des relations de travail, dépasser une vision centrée sur l’emploi, et penser davantage en terme de travail, d’activité, et reposer, dans le même temps, la question du revenu du travail. Ce qui implique sans doute de nouvelles formes de mobilisation associant travailleurs, usagers, habitants …

Patrick Cingolani est professeur à l’Université Paris Diderot. Il a collaboré à la revue Les Révoltes Logiques et participé à la revue Tumultes. Il s’intéresse notamment au travail précaire et à la pauvreté, aux mouvements sociaux (chômeurs et précaires). Il a publié récemment : « Révolutions précaires. Essai sur l’avenir de l’émancipation » (2014, La Découverte), et « La précarité » (2015, PUF, Que sais-je).

 

Paupérisation, discrimination des quartiers populaires

Mots-clés : Aménagement du territoire, migrants, Politique de la ville

18 Juin 2015 • Michel Kokoreff

La paupérisation et la discrimination sont un fait dans les quartiers populaires appelés pudiquement « ZUS », Zones urbaines sensibles ou quartiers prioritaires. La pauvreté s’est accentuée dans ces territoires, elle est également très prononcée dans les camps de migrants ou zones de non droit dans les périphéries où les discriminations, la xénophobie et le racisme y sont plus marqués qu’ailleurs. Il est nécessaire d’aller au-delà du caractère réducteur des images des banlieues pour faire une analyse de la complexité des situations locales. Le diagnostic de la situation est pessimiste car on constate qu’en trente ans de politique publique en faveur de ces territoires, celles-ci n’ont pas réussi à entraver les processus de paupérisation, de ghettoïsation ; action sociale et rénovation urbaine ont du mal à s’accorder. Comment agir, ouvrir des possibles ? Des pistes existent, qui supposent de mettre l’accent plus sur les objectifs que sur les débouchés : l’important devrait être d’abord de « faire avec » en reconnaissant en premier lieu ces populations, en leur donnant les moyens d’expression et de formation.

Aubervilliers, un territoire lieu d’actions

Mots-clés : Aménagement du territoire, migrants, Politique de la ville

18 Juin 2015 • Evelyne Yonnet

Peu éloignée du centre de Paris, Aubervilliers est une ville populaire (76.800 habitants), avec un passé industriel important, qui semble aujourd’hui cumuler les difficultés : populations pauvres, chômage élevé, habitat dégradé, échecs scolaires, problèmes de santé . Aubervilliers est un voyage permanent avec 97 nationalités différentes sur son territoire.
Evelyne Yonnet y milite depuis longtemps. Conseillère municipale (aujourd’hui d’opposition), sénatrice, elle a fait partie de l’équipe municipale animée par Jacques Salvator, qui, de 2008 à 2014, a voulu « tirer Aubervilliers vers le haut », avec une population dont la diversité a été considérée comme un levier : éradication de l’habitat indigne, développement d’accès aux soins adaptés à la population, actions d’insertion dans tous le domaines, en prenant appui sur les associations, les conseils de quartier.

L’utopie d’une nouvelle citoyenneté

Mots-clés : diversité, parité

3 Juin 2015 • Monique Dental

« L’utopie d’une nouvelle citoyenneté », pour le Réseau Féministe « Ruptures », symbolise l’exercice d’une vraie parité femmes-hommes dans toutes les prises de décision politique, sociale, économique et culturelle. Monique Dental retrace ici les moments forts des luttes pour l’égalité des droits qui ont abouti à la Loi sur la parité en 2014 sans pour autant donner satisfaction aux organisations féministes. Les luttes pour l’égalité sont passées de la revendication des quotas, à la revendication des parités, et à l’élargissement de la parité à toutes les questions sociales, au-delà de la parité politique. Elles ont été liées à de multiples débats philosophiques et juridiques. En posant la question de la parité comme concept ou moyen elles ont opposé la conception universaliste à la conception essentialiste de l’égalité des droits et cette question n’est toujours pas tranchée aujourd’hui. En effet la question de l’égalité des droits reste aujourd’hui un postulat de départ mais ne donne aucun moyen concret pour répondre à l’aspiration d’une prise en compte réelle des situations des femmes et de leurs volonté de participer pleinement à la vie politique ou associative ou à agir dans la société. C’est dans ce sens que les associations féministes considèrent la Loi « dite de » parité, votée en 2014 insuffisante pour créer une dynamique de renouvellement politique et un changement réel de société.

Monique Dental a fondé le Collectif Féministe « Ruptures ». Elle a coordonné les actions du premier collectif féministe « Femmes pour la Parité », puis celles du « Réseau Femmes et Hommes pour la parité.

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