Quelles stratégies syndicales face à la précarisation de l’emploi et du travail ?

Mots-clés : action syndicale, Organisation du travail, Précarité

6 Novembre 2015 • Sophie Béroud

Les stratégies syndicales sont remises en cause par le processus de précarisation et de mutation de l’emploi. Il  est de plus en plus difficile pour le syndicat de représenter l’ensemble du salariat et en particulier les segments les plus fragilisés de celui-ci du fait de la sous-traitance, de l’externalisation du travail  ou de ce qui se passe dans les grandes entreprises publiques ou privées telle la Poste. Le mouvement syndical contemporain est particulièrement désarmé face à l’éclatement des statuts d’emploi et des statuts juridiques au sein de ce qui constitue, de fait, une même communauté de travail et ne peut évoluer aussi vite qu’il le serait souhaitable, même si des réponses commencent à exister. Ce nouveau contexte oblige à repenser une nouvelle structuration syndicale, sur le modèle du syndicalisme d’entreprise comme la CGT par exemple ou par le lancement et l’animation de nouvelles structures syndicales adaptées au périmètre d’un site de production ou d’une zone commerciale incluant parfois des structures publiques. Si des réponses – du côté de l’adaptation des structures syndicales ou du lancement de campagnes ciblées – commencent à exister face au processus de précarisation et aux multiples déstabilisations qu’il induit, celles-ci demeurent encore  trop limitées pour modifier de façon substantielle le rôle du syndicalisme auprès des salariés précaires.

Sophie Béroud  est maître de conférence de science politique à l’Université Lumière Lyon 2. Elle travaille sur les transformations des organisations syndicales, l’organisation et la mobilisation des salariés précaires, l’évolution des grèves et des conflits du travail. En 2009 elle a co-dirigé Quand le travail se précarise, quelles revendications collectives? (La Dispute)

Pauvreté laborieuse, fruit de la précarité

Mots-clés : Chômage, Emploi

6 Novembre 2015 • Denis Clerc

La pauvreté laborieuse est le résultat des différentes évolutions du marché de l’emploi. Le travailleur pauvre est celui qui travaille à un salaire très bas, ou sur des temps très partiels et/ou temporaires, en constant renouvellement, avec des périodes de non travail et, enfin,  qui assure le seul revenu de  la famille. Denis Clerc explicite ces évolutions et fait le constat de la précarité installée et durable. Il souligne que la pauvreté laborieuse masque une réalité sociale majeure : le dualisme d’une société dans laquelle une partie de la population est sous-prolétarisée, exclue socialement,  parce qu’elle ne dispose pas des armes de plus en plus nécessaires pour affronter le marché du travail. Il constate la multiplication des emplois précaires, la diminution des emplois ne nécessitant pas de grandes qualifications, le coût élevé des services telles les gardes d’enfant et du même coup, l’impossibilité d’un deuxième emploi. Enfin il dénonce l’échec du système éducatif qui fonctionnant par écrémage engendre un laminage social avec pour conséquence le développement des revendications à court terme (défense des revenus) au détriment de la solidarité dont les exclus auraient besoin.

Denis CLERC est économiste, fondateur de la revue Alternatives économiques, et de L’économie politique. Il est membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale et Président de la FNARS Franche-Comté (une fédération d’associations s’occupant d’hébergement et d’insertion économique). Il a publié récemment : La paupérisation des Français (Colin, 2010) et Déchiffrer l’économie (La Découverte, 2007-2011).

Militer aujourd’hui ?

Mots-clés : lien social, stratégie syndicale

14 Octobre 2015 • Jacques Ion, Annick Coupé

Militer aujourd’hui ? Assiste-t-on à la fin du militantisme ? A entendre les discours généralement tenus, le repli sur soi serait un trait spécifique de notre époque et les militants seraient aujourd’hui une espèce en voie de disparition,  les jeunes se détourneraient de la politique.
Annick Coupé et Jacques Ion ne partagent pas ce diagnostic ; à partir de leurs observations et de leur vécu, ils s’interrogent sur les nouvelles modalités de mobilisations, sur la nécessité de repenser les notions de citoyenneté et de politique.

Jacques ION est sociologue, ancien directeur de recherches au CNRS, membre du Centre de recherches et d’études sociologiques appliquées de la Loire (Crésal). Il a notamment publié La Fin des militants ? (L’Atelier, 1997), Militer aujourd’hui (avec Spiros Franguiadakis et Pascal Viot, Autrement, 2005), Politiques de l’individualisme (avec François de Singly et Philippe Corcuff, Textuel, 2005) et S’engager dans une société d’individus (Armand Colin, 2012).

Annick COUPÉ a une longue histoire militante, politique, syndicaliste, et féministe. Etudiante à la Faculté des Lettres de Caen, elle décide, dans les années 70, d’arrêter ses études pour « s’établir » comme caissière dans un supermarché ; puis elle est enseignante en école maternelle, et, assez longtemps, employée aux services financiers de la Poste. Après avoir été responsable CFDT, elle a été co-fondatrice de la fédération SUD-PTT, et porte-parole (jusqu’en 2014) de l’Union syndicale Solidaires. Elle a impulsé des journées intersyndicales Femmes.

Les classes moyennes aujourd’hui

Mots-clés : Sociologie

2 Octobre 2015 • Serge Bosc

La dénomination « classes moyennes » ne peut être associée d’emblée à un ou des groupes sociaux précis. Elle incarne l’entre-deux entre les classes supérieures et les classes populaires. Les enquêtes d’autopositionnement (dans lesquelles on demande aux personnes interrogées à quelle catégorie sociale elles pensent appartenir) comme les études fondées sur les revenus ne permettent pas de bien saisir la réalité. Les approches à partir des professions et catégories socioprofessionnelles permettent de mieux définir des groupes et des catégories ayant une certaine homogénéité sociale dans cette constellation multipolarisée que constituent les couches moyennes. Dans les années 1980, on les a souvent présentées comme porteuses d’aspirations essentiellement culturelles. Aujourd’hui les médias en parlent pour évoquer la « panne de l’ascenseur social » dont ce groupe serait victime et la dévalorisation professionnelle qu’il subirait ; ce qui est sans doute excessif.
Serge Bosc a enseigné la sociologie à l’université Paris-VIII-Saint-Denis et travaille depuis les années 1990 sur les transformations du système des classes sociales dans la société française.

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