Les classes moyennes

Mots-clés : Logement

1er Octobre 2015 • Stéphanie Vermeersch

La question des classes moyennes est abordée par Stéphanie Vermeersch au travers de son travail de sociologue sur une opération d’habitat autogéré dans la région d’Angers, sur des zones ZUP en banlieue parisienne, et, en Angleterre, dans la région londonienne. Son travail se développe à partir d’entretiens, de parcours de vie, notamment autour de la question du logement. Ses enquêtes ne lui donnent pas le sentiment que les couches moyennes se sentiraient « à la dérive » : elles sont dominées dans certains domaines, mais peuvent « tirer leur épingle du jeu » dans d’autres domaines, à la différence des classes populaires qui sont toujours dominées, et des classes supérieures toujours dominantes. Aujourd’hui encore, elles peuvent être porteuses de projets, mais dans une perspective qui n’apparaît pas forcément, aux yeux des générations plus jeunes, comme ce qui aurait été qualifié dans les années 70-80 de « politique ».

Stéphanie Vermeersch est chargée de recherche en sociologie urbaine au CNRS, et co-directrice du Lavue, unité de recherche CNRS associée aux Université de Nanterre et Saint-Denis, ainsi qu’aux Ecoles d’architecture de la Villette et Val de Seine.

Indépendance, précarités et société salariale

22 Septembre 2015 • Patrick Cingolani

Le travail précaire, le désir d’indépendance par rapport à la société salariale est l’objet de l’étude de Patrick Congolani. Ses réflexions se fondent sur une enquête réalisée auprès d’une centaine de plus ou moins jeunes travailleurs des « nouvelles professions »(principalement dans le secteur culturel : graphiste, pigiste, infographiste, informaticien etc..). La précarité peut désigner aussi bien des discontinuités subies (des conditions d’emploi dégradées) que négociées au travers de la recherche d’un travail non totalement subordonné. C’est ce second aspect qu’il développe ici, en réinterrogeant les relations de travail au-delà d’un discours traditionnel sur l’aliénation. Il montre les ambivalences de la recherche d’autonomie, de valorisation, du refus de subordination, qui n’exclut dans les faits ni la souffrance au travail, ni l’exploitation, la concurrence, et qui repose souvent sur de nouvelles formes de solidarité familiale. Ce processus de « précarisation » est en expansion. Il nous faut donc repenser la question des relations de travail, dépasser une vision centrée sur l’emploi, et penser davantage en terme de travail, d’activité, et reposer, dans le même temps, la question du revenu du travail. Ce qui implique sans doute de nouvelles formes de mobilisation associant travailleurs, usagers, habitants …

Patrick Cingolani est professeur à l’Université Paris Diderot. Il a collaboré à la revue Les Révoltes Logiques et participé à la revue Tumultes. Il s’intéresse notamment au travail précaire et à la pauvreté, aux mouvements sociaux (chômeurs et précaires). Il a publié récemment : « Révolutions précaires. Essai sur l’avenir de l’émancipation » (2014, La Découverte), et « La précarité » (2015, PUF, Que sais-je).

 

Démocratiser la démocratie

Citoyenneté

Septembre 2015 • Etienne Balibar

Le terme démocratie est devenu complètement banalisé servant à couvrir à peu près toutes les politiques intérieures et extérieures et l’exténuation des capacités traditionnellement associées avec la figure du citoyen. La crise du libéralisme ramène directement aux rapports de la citoyenneté et de la démocratie.

Démocratiser la démocratie suppose une conception critique de la citoyenneté qui peut s’articuler autour de plusieurs propositions : la transformation nécessaire est un processus sans cesse recommencé qui doit transgresser les limites et les formes institutionnelles reconnues, s’appuyer sur l’invention et pas seulement la résistance. C’est un travail des citoyens sur eux-mêmes, une lutte sur plusieurs fronts, où l’insurrection est la modalité active de la citoyenneté : une radicalité alternative et incertaine.

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Voir et savoir la contradiction des égalités

Mots-clés : Démocratie sociale, Féminisme

Septembre 2015 • Geneviève Fraisse

Comment penser l’égalité des sexes en échappant aux pièges de l’identité des sujets ou des normes de la domination ? Sans aucun doute il ne faut pas que penser, mais aussi se poser la question du comment penser ? Car le vrai problème est celui de l’historicité, face à la volonté répétée de mettre les sexes hors du temps politique. Que le monde soit sexué oblige à reconnaître la contradiction démocratique qui s’attache toujours à l’égalité des sexes. Reste à éclairer cette contradiction avec de nouveaux outils conceptuels, ceux qui nomment ces difficultés comme autant de tentatives pour fabriquer «leur» histoire.

Geneviève FRAISSE est philosophe et historienne de la pensée féministe. Directrice de recherches émérite au CNRS, elle a dispensé à Sciences Po un cours de philosophie Pensée des sexes et démocratie  dans le cadre de PRESAGE (Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre). Elle a été déléguée interministérielle aux droits des femmes de 1997 à 1998 et députée au parlement européen de 1999 à 2004, élue sur la liste Bouge l’Europe !  menée par Robert Hue.
Elle a publié, notamment, Muse de la raison, démocratie et exclusion des femmes  (1989, Folio-Gallimard 1995), Les femmes et leur histoire  (1998, Folio-Gallimard, 2010),  Les deux gouvernements : la famille et la cité  (Folio, Gallimard, 2000), Du Consentement  (Seuil, 2007),  A côté du genre, sexe et philosophie de l’égalité , Le bord de l’eau, 2010), Les excès du genre : concept, image, nudité  (Editions Lignes, 2014)

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