Les « travailleurs pauvres » ont un emploi, mais demeurent dans la pauvreté du fait de la faiblesse de leurs revenus (revenus d’activité et prestations sociales). On estimait, en 2013, que près de 2 millions de personnes vivaient avec environ 800 € par mois.
Leur nombre est en augmentation, notamment du fait de la faiblesse des salaires et du fractionnement des emplois (petits boulots, alternance de phases d’emploi et de chômage ou d’inactivité). Alors que la pauvreté était en baisse dans les années 1970-1990, puis s’était stabilisée, elle est en hausse depuis les années 2000. C’est un tournant dans l’histoire sociale : ce n’est plus seulement l’insuffisance des emplois qui engendre la pauvreté, mais la mauvaise qualité de ceux qui se créent. La création d’emplois « paupérisants » a aggravé le problème au lieu de le résoudre.
Quelle est la situation aujourd’hui ? Que penser des politiques de l’emploi mises en oeuvre ou envisagées ?
Denis Clerc et Manuel Domergue apportent des éléments de réflexion et de discussion sur ce problème qui devient de plus en plus grave.
Denis Clerc est économiste, fondateur de la revue « Alternatives économiques », et de « L’économie politique ». Il est membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale » et Président de la FNARS Franche-Comté (une fédération d’associations s’occupant d’hébergement et d’insertion économique). Il a publié récemment : « La paupérisation des Français » (Colin, 2010) et Déchiffrer l’économie » (La Découverte, 2007-2011).
Manuel Domergue a été un animateur du collectif de jeunes mal-logés « Jeudi Noir », avec lequel il a écrit Le Petit livre noir du logement (La Découverte, 2009), responsable de la commission Logement d’Europe Ecologie-Les Verts et journaliste à Alternatives économiques. Il est aujourd’hui directeur des études de la « Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés.
Écouter l’intervention de Manuel Domergue le 13 Novembre 2014, Institut Tribune Socialiste
Écouter l’intervention de Denis Clerc le 13 Novembre 2014, Institut Tribune Socialiste
En 30 ans, les questionnements autour du « métier » ont changé de portée, voire de nature. « Au début des années 1990, les entreprises se sont embarquées, de gré ou de force, dans des changements liés à l’ouverture des marchés à la concurrence internationale : les formes de direction changeaient, les « managers » se substituant aux « chefs » ; les usagers devenaient des « clients » …. La terminologie usitée témoignait de ces évolutions, les postes devenant des emplois, et ceux-ci devenant des métiers. Avec un tel brouillage des mots, qui était aussi un maquillage des situations réelles des salariés, il est temps de se demander ce qu’était un métier ? »