Peut-on encore parler de « métiers » ? Sous l’effet de causes multiples et sans les hiérarchiser les « métiers » ont évolué: évolution des normes internationales, évolutions des techniques, transformations dans la gestion et le fonctionnement des entreprises et dans la structure des emplois, élévation des qualifications professionnelles, concurrence globalisée entre producteurs et approfondissement de la division du travail, nouveaux modes de conception et de fabrication … Jusqu’à quel point les métiers ont changé ?
Michèle Descolonges est sociologue, rattachée au LIED (laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain), Paris 7. Elle a publié notamment : Des travailleurs à protéger. L’action collective au sein de la sous-traitance, Paris, Hermann-Adapt, 2011 ; avec Bernard Saincy (dir.), Les nouveaux enjeux de la négociation sociale internationale, La Découverte, 2006 ; Qu’est-ce qu’un métier ?, PUF, 1996. Elle a coordonné le n° 50 de la revue Écologie & Politique sur le thème « Syndicats et transition écologique » (mars 2015).
Dominique Gillier, syndicaliste, a été militant dans la métallurgie, membre du Bureau national confédéral de la CFDT, Secrétaire général de la Fédération générale CFDT de la métallurgie (FGMM) ; il est membre du Conseil économique social et environnemental et chargé de mission à la confédération CFDT.
En 30 ans, les questionnements autour du « métier » ont changé de portée, voire de nature. « Au début des années 1990, les entreprises se sont embarquées, de gré ou de force, dans des changements liés à l’ouverture des marchés à la concurrence internationale : les formes de direction changeaient, les « managers » se substituant aux « chefs » ; les usagers devenaient des « clients » …. La terminologie usitée témoignait de ces évolutions, les postes devenant des emplois, et ceux-ci devenant des métiers. Avec un tel brouillage des mots, qui était aussi un maquillage des situations réelles des salariés, il est temps de se demander ce qu’était un métier ? »