Le travail du care : évolutions et problèmes

Mots-clés : Politique familiale, Santé

21 septembre 2017 • Laurent Fraisse

La définition du travail du care ne peut être réduite au seul soutien de la personne fragile. Pour de nombreux auteurs il faut le mettre au centre d’un projet de société et le penser comme une politique de justice sociale.
Laurent Fraisse présente ici une analyse socio-économique des services de protection sociale en faveur des personnes les plus fragiles : petite enfance et personnes âgées.
Il analyse les combinaisons entre les différentes possibilités de prise en charge : famille, droits sociaux, bénévolat, associations, travail au noir, services marchands. Il montre comment les inégalités de genre ou de classes sociales, la mondialisation, l’approche gestionnaire sont très présents dans le travail du care. Il souligne que la question n’est pas posée en terme politique ni intégrée dans un projet de société incluant comme un droit, la création d’un 5ème pilier du risque social.

Laurent FRAISSE est membre du Laboratoire Interdisciplinaire pour la sociologie Economique (LISE/CNAM/CNRS) et de l’IRIS (Institut francilien Recherche Innovation Société)

Que sont et que font les cadres aujourd’hui ?

20 Avril 2017  • Sophie Pochic

Que sont et que font les « cadres » aujourd’hui ? Les « cadres » ont toujours constitué une catégorie sociale diversifiée ; dans la nomenclature des professions et catégories socio-professionnelles ils sont associés aux professions intellectuelles supérieures ; dans la perception de leur place sociale ils semblent constituer le noyau des « couches moyennes ».

Cette typologie a toujours été problématique et l’est sans doute encore plus aujourd’hui qu’hier, compte tenu de l’évolution des modes de production, de la hausse généralisée de l’évolution des qualifications, des transformations des métiers.

Rencontre-débat avec Sophie Pochic

Sophie Pochic, sociologue, a participé à un réseau de recherche se posant la question de la spécificité de la catégorie « cadres » aujourd’hui.

Les cadres constituent un groupe composite et de plus en plus nombreux (5 millions selon l’INSEE), en augmentation très forte, notamment au niveau des entreprises et du secteur public ; dans certains domaines, comme l’informatique, ils sont particulièrement concentrés ; c’est une catégorie largement féminisée, de plus en plus diplômée, qui « encadre » de moins en moins : les cadres aujourd’hui sont principalement des « experts », qui gèrent des projets, travaillent en réseau, sont gérés sur la base d’objectifs, avec des rémunérations variables. Du coup, ils se sentent de moins en moins « cadres ».

Certes, certaines spécificités demeurent dans le droit du travail, les conventions collectives, leurs droits au moment de la liquidation des retraites ; ils ont une plus forte stabilité d’emploi, sont relativement plus protégés du chômage et de la précarité.

Mais, dans le cadre actuel des nouvelles formes d’organisation du travail (liées à la rationalisation accrue, aux performances financières, au contrôle informatisé du travail…), ils pensent que, dans les faits, et comme pour les autres catégories de travailleurs, leur autonomie, apparemment renforcée au niveau des discours est tronquée, « récusée », « empêchée ».

Sophie POCHIC est sociologue, chargée de recherches au CNRS : au sein du Centre Maurice Halbwachs, elle est responsable de l’équipe PRO (Professions, Organisations, Réseaux). Elle a réalisé des enquêtes sur l’évolution des carrières des cadres, leur engagement syndical et l’égalité femmes-hommes, au sein des entreprises comme des administrations. Avec Paul Bouffartigue et Charles Gadea, elle a notamment publié Cadres, classes moyennes, vers l’éclatement ? (Armand Colin, 2011)

Les cadres aujourd’hui

Mots-clés : Organisation du travail, Temps de travail

20 Avril 2017 • Jean-Claude Barboul

Les cadres d’aujourd’hui sont des salariés à part entière mais pas tout à fait comme les autres, comme l’explique Jean-Claude Barboul, Secrétaire Général des cadres CFDT.

Pour les cadres, le CDI n’est pas forcément leur seul horizon, ils travaillent de plus en plus hors de l’entreprise, sont rémunérés de façon particulière (soit hors RTT, soit sur la base du forfait-jour), et vivent de plus en plus une interpénétration de la vie professionnelle et de la vie privée (d’autant que le milieu s’est fortement féminisé).

Dans les pays européens, on parle de « professionnels » et de « managers », ce qui recouvre en fait mieux leurs activités. La « révolution numérique » impacte fortement leur travail, dans la façon de le concevoir, et dans les modes de contrôle. Ils ressentent fortement une injonction paradoxale à l’autonomie qui suppose un engagement important dans l’activité de l’entreprise mais sans que, dans le même temps, la gouvernance de l’entreprise ait été modifiée et que des lieux existent pour le dialogue professionnel. D’où leur forte demande de possibilité réelle d’autonomie et de regard critique.

Jean-Claude BARBOUL est secrétaire Général des cadres CFDT. Il a exercé différentes fonctions dans le domaine de la protection sociale et de l’emploi. Il est administrateur des régimes de retraite complémentaire Agirc-Arrco et du groupe Ag2r La Mondiale. Il a publié notamment Vers de nouveaux droits pour les cadres -reconnaître la fonction de management et de l’expertise, Revue CFDT n° 465-466, 2015.

Fin du travail ou plein emploi ? (1)

Mots-clés : Chômage, Emploi, Revenu universel

22 Mars 2017 • Raphaël Liogier

Se dirige-t-on vers la fin du travail, Le plein emploi peut-il encore être un objectif ?

Une rencontre débat avec Raphaël Liogier et Sabina ISSEHNANE  dans le cadre du cycle des séminaires FACE AUX GRANDES TENDANCES DU CAPITALISME CONTEMPORAIN QUE PEUT ETRE AUJOURD’HUI UNE POLITIQUE « A GAUCHE » ? 10ème séminaire

Raphaël Liogier est sociologue et philosophe. Pour lui le plein emploi est certes possible, mais est-il vraiment désirable ?
Il pense qu’il faut sortir d’un vocabulaire économique qui nous empêche de voir ce qui se passe dans le réel. Ainsi en est-il, pour lui, de la notion d’emploi, qui passe à côté du fait que la valeur se crée dans ce qui donne un sens à notre vie. Aujourd’hui il est possible de produire plus avec moins de travail ; avec les techno-sciences nous pouvons produire de plus en plus de richesses tout en réduisant les coûts et les efforts humains nécessaires.
Raphaël Liogier propose notamment trois pistes permettant de transformer l’ensemble de la société où l’accroissement de la prospérité n’aille pas de pair avec l’accroissement de l’exclusion :

– un revenu d’existence, à un haut niveau financier, permettant à toutes-tous de se distinguer non sur la base de contraintes mais sur la base de désirs ;

– la remise en cause d’un droit du travail fondé sur les diversités d’emplois et non sur le développement d’un champ d’activités multiples ;

– des mesures fiscales : impôt progressif sur le capital, abolition de l’impôt sur le revenu, recomposition de la TVA dans le sens d’une TVA vraiment sociale et écologique.

Raphaël LIOGIER est philosophe, professeur à Sciences Po Aix-en-Provence et, à Paris, au Collège international de philosophie. Ses recherches portent sur les croyances, la globalisation, la laïcité, les conséquences éthiques et sociales de l’évolution des technosciences. Il a publié récemment :  Sans emploi. Condition de l’homme post-industriel (Les Liens qui Libèrent, 2016)

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