La souveraineté populaire est-elle possible ? La question du populisme (2)

25 Janvier 2017  • Pierre Khalfa

La souveraineté populaire est-elle possible ? La question du populisme est la question que se pose Pierre Khalfa dans le cadre de la rencontre-débat organisée par la Fondation Copernic, la Fondation Gabriel Péri et l’Institut Tribune Socialiste  dans le cadre de leur séminaire commun : « Qu’est-ce qui fait débat à gauche aujourd’hui ? »
La crise démocratique que nous vivons est  liée à la conjonction de deux phénomènes actuels : la domination du consensus néo-libéral qui exclut du débat et des discussions citoyennes toute une série de sujets, et la montée, partout, des lois sécuritaires. Plus profondément elle est liée à la mise en place, depuis le XVIII° siècle, de systèmes représentatifs dont l’objectif explicite était de contrer la démocratie. Toutefois, aux XIX° et XX° siècles, le développement  du suffrage universel, la montée en puissance du mouvement ouvrier, la reconnaissance de droits fondamentaux et sociaux, l’existence d’espaces publics, vont permettre d’autres développements de la démocratie. Ce sont ces éléments qui sont rentrés en crise dans les années 1970.

On peut considérer que « souveraineté populaire » et « démocratie » sont des équivalents. L’objectif est de créer des institutions qui permettent la participation de toutes et tous à tout pouvoir existant, de décider et de participer à tout ce qui les concerne. Sur ce  plan la démocratie n’est pas simplement un système institutionnel, et la notion d’égalité est à la fois un présupposé et une visée.

Le terme de populisme sert, le plus souvent, dans les débats actuels à stigmatiser ceux qui refusent l’ordre dominant ; on ne peut pas accepter ce type de manoeuvre politique. Pour autant on peut avoir des raisons pour ne pas se réclamer du populisme, non seulement parce qu’il entretient une confusion (avec le populisme d’extrême-droite) voulue par nos adversaires, mais surtout parce qu’il aboutit à réduire tous les antagonismes à un seul (hier le capital/le travail, aujourd’hui le peuple/les élites). Il faut plutôt envisager de bâtir des convergences stratégiques sur des projets communs avec un imaginaire commun.

Pierre KHALFA est économiste, coprésident de la Fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d’Attac.)

La gauche au XXIè siècle

Mots-clés : Partis politiques - crise, stratégie politique

5 Octobre 2016 • Christophe Aguiton

L’expression de la gauche ces dernières années et les questions politiques qui émergent sont marquées, tant en France que dans le monde, par deux tournants politiques et sociétaux importants. Ce sont en 1991, l’effondrement de l’Union Soviétique et l’essor d’une mondialisation libérale étendue à toute la planète, et en 2011 le développement de mouvements sociaux qui vont témoigner d’un refus global de la mondialisation.
De là trois problèmes émergent et posent la question de l’avenir des courants de gauche : comment éviter des politiques extractivistes (politique économique basée essentiellement sur les extractions des matières premières avec l’organisation d’une redistribution des surplus à l’ensemble de la population) mais qui, de fait, n’entraînent pas de changements structurels ? Quelles stratégies faut-il développer pour articuler anciens et nouveaux mouvements sociaux, qu’est-ce qui peut contribuer à construire une alternative politique : un populisme de gauche ? Et enfin comment la théorie des  communs peut-elle inciter à une injonction à l’auto-organisation, à la prise en charge des questions politiques et de société par chacun ? Peut-elle être une alternative au tout état, à la propriété privée ? Peut-elle donner naissance au socialisme dans son sens le plus noble.

Christophe Aguiton est militant et chercheur en sciences sociales. Une rencontre débat organisée conjointement par la Fondation Copernic, la Fondation Péri et l’Institut Tribune Socialiste.

Le religieux, le politique et la laïcité : les défis actuels

Mots-clés : Interculturalité, laïcité

Juin 2016 • Chahla Chafiq

Laïcité et démocratie participe d’une même dynamique dans la reconnaissance d’une double autonomie, à la fois collective et individuelle. L’apport vital de la laïcité réside dans la déclinaison de ses principes : la primauté du politique sur le religieux, la liberté de conscience et l’égalité de traitement des individus quelles que soient leurs diverses croyances. Cependant les capacités émancipatrices de la laïcité sont aujourd’hui remises en question car on ne tient pas compte de la diversité culturelle et cultuelle des citoyens. A cela s’ajoute les mouvements identitaires au regard des relations entre l’identité et la culture. Il y a une idéologisation des religions. En faisant de la religion une idéologie, les ambitions communautaristes se renforcent. Ces faits mettent en relief la dynamique commune des courants politiques fondés sur l’idéologisation du religieux et les tendances conservatrices de droite.

Les sept laïcités françaises

Mots-clés : laïcité

Juin 2016 • Jean Baubérot

Il existe en France différentes approches de la laïcité qui sont enracinées dans l’histoire. Au moment des débats sur les lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905,  quatre courants de pensée autour des figures de Maurice Allard, d’Emile Combes, de Ferdinand Buisson et d’Aristide Briand ont stigmatisé les différentes laïcités et continuent aujourd’hui à avoir un impact politique et social plus ou moins important. Trois autres modèles,  qui ne se situent pas dans la filiation de la loi de 1905, font aujourd’hui partie des représentations laïques ayant de l’influence en France. Laïcité ouverte, laïcité identitaire, laïcité concordataire ou dérogatoire (Alsace), cheminent aux côtés des laïcités en débat au début du XIXème siècle. Elles interagissent de façon transactionnelle ou conflictuelle et leurs rapports de force constitue la dynamique de ce que l’on appelle socialement « la laïcité à la française » sans pour autant qu’on puisse admettre qu’il existerait un « modèle français » de laïcité.

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