Mots-clés : laïcité
Juin 2016 • Jean Baubérot
Il existe en France différentes approches de la laïcité qui sont enracinées dans l’histoire. Au moment des débats sur les lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, quatre courants de pensée autour des figures de Maurice Allard, d’Emile Combes, de Ferdinand Buisson et d’Aristide Briand ont stigmatisé les différentes laïcités et continuent aujourd’hui à avoir un impact politique et social plus ou moins important. Trois autres modèles, qui ne se situent pas dans la filiation de la loi de 1905, font aujourd’hui partie des représentations laïques ayant de l’influence en France. Laïcité ouverte, laïcité identitaire, laïcité concordataire ou dérogatoire (Alsace), cheminent aux côtés des laïcités en débat au début du XIXème siècle. Elles interagissent de façon transactionnelle ou conflictuelle et leurs rapports de force constitue la dynamique de ce que l’on appelle socialement « la laïcité à la française » sans pour autant qu’on puisse admettre qu’il existerait un « modèle français » de laïcité.
Mots-clés : laïcité
Juin 2016 • Monique Dental
« Le développement des mouvements politico-religieux, les silences et les complaisances qu’ils rencontrent ont pour conséquence un indéniable recul des droits des femmes et des droits humains en général. Face à ces attaques, frontales ou insidieuses, des associations féministes ont résisté ; elles ont combattu et continuent de le faire en affirmant leur exigence de liberté et d’égalité ». Les contributions du Forum Alternatif des ONG de femmes et de féministes à la Conférence mondiale onusienne sur les droits des femmes, à Huairou en août 1995 ont permis de dresser un état des lieux des exactions intégristes à l’encontre des femmes dans le monde, de constater les limites du droit international face à la revendication d’un statut de réfugié politique pour fait de sexisme, de mettre en cause les codes de statut personnel qui régissent la vie de millions de femmes dans le monde. Le Forum a revendiqué pour toutes les femmes vivant en France les mêmes droits, le retrait des mesures discriminatoires imposées par les lois musulmanes. Cependant l’infiltration des forces politico-religieuses au coeur même des espaces de résistances et d’alternatives à l’échelle de l’Europe et du monde renforce l’avancée des intégrismes au niveau international.
Mots-clés : femmes, Islam, laïcité
Juin 2016 • Soad Baba-Aïssa
« On ne naît pas musulman ou musulmane, on naît avant tout sujet de droit ».
Soad Baba-Aïssa se définit comme une musulmane sociologique. De par son expérience, son histoire familiale elle porte un regard critique sur la névrose colonialiste et les agitations politico-sociales de la société française qui ont une influence sur son rapport à la laïcité, aux droits des femmes et à l’égalité citoyenne. En trompe-l’oeil, au-delà du débat sur la citoyenneté, s’est imposé le visage de l’identité cultuelle et le refus de s’interroger sur l’interaction du religieux avec le social et le politique. En fantasmant sur un corps social homogène de la communauté, les jeunes filles et les femmes sont les premières victimes de l’ordre communautaire et de sa vision patriarcale de la société. L’obsession de l’identité, du sacré, de la pudeur assignent les femmes dans les rôles de mère et d’épouse sans égard à leurs personnes en tant que sujets libres. Le projet politique multiculturaliste ne peut pas être considéré comme une alternative politique car il vise à diviser les forces sociales, à sabrer les acquis de la conquête sociale qu’est la laïcité. C’est un véritable danger pour le droit des femmes, pour la justice sociale, pour la démocratie. La citoyenneté doit primer sur l’identité cultuelle.
Mots-clés : Islam, laïcité
Juin 2016 • Jean-Michel Ducomte
La diversité des débats autour de la laïcité, comme la diversité des rôles que lui assignent ceux qui s’y réfèrent, imposent un travail de clarification afin que puisse être retrouvée la fonction émancipatrice de la laïcité. L’identité républicaine s’est construite sur la base d’une liberté d’opinion, même religieuse, la laïcité a rimé avec la liberté dont elle était une condition. Notre société est aujourd’hui très diversifiée et l’emprise confessionnelle d’une Eglise catholique n’existe plus. Aujourd’hui le débat se focalise autour de l’islam et de la visibilité de ses pratiques cultuelles ou culturelles. La neutralisation confessionnelle est devenue une idéologie au service d’une vision identitaire. La laïcité cesse d’être un outil d’émancipation et un principe de liberté pour se transformer en instrument de sauvegarde d’une identité nationale refermée sur elle-même, exclusive de toute influence, hostile à toute immigration. Il semble donc important de lier la question de la laïcité à la question sociale et plus particulièrement à celle des discriminations. La distinction entre domaine public et privé ne peut se réduire à la question des lieux. Les convictions religieuses ne peuvent faire abstraction de la question de l’émancipation, en particulier de la femme.