Bons réfugiés ou mauvais migrants …

Mots-clés : migrants, Politique Économique

18 Septembre 2015 • Emmanuel Terray

« Il n’y a pas de bons réfugiés ou de mauvais migrants, il n’y a que des migrants politiques » dit Emmanuel Terray lors d’un entretien réalisé par Nadjib Touaibia pour l’Humanité Dimanche. Anthropologue de renom, Emmanuel Terray a été en première ligne dans la défense des sans papiers expulsés de l’église Saint-Bernard à Paris, en 1996. Aujourd’hui face aux questions de l’accueil des migrants en Europe, il dénonce la logique de l’Occident « maître du monde », responsable des flux migratoires dramatiques, et montre que la réponse de l’Europe reste très en dessous des enjeux et indigne des défis auxquels elle est confrontée. Pour lui, le problème ne date pas d’hier, cela fait des années que des réfugiés se noient en Méditerranée ou en mer Égée. L’Europe a beaucoup tardé à prendre la mesure exacte de la situation. Quant à la distinction faite par les maires ou la presse entre les bons et les mauvais migrants, ceux qui fuient la guerre ou qui viennent pour des raisons économiques, Emmanuel Terray a pris l’habitude de répondre qu’il n’y a que des migrants politiques. Les migrations sont dues, d’une part, aux guerres décidées par les grandes puissances et d’autre part au maintien par l’Occident de régimes autoritaires et corrompus et, enfin plus particulièrement pour l’Afrique, aux accords de libre échange que l’UE impose et qui ruinent l’agriculture et condamnent les paysans à l’exil. Nous sommes face à des conséquences somme toute logiques, à des effets de politiques bien déterminés.

Démocratiser la démocratie

Citoyenneté

Septembre 2015 • Etienne Balibar

Le terme démocratie est devenu complètement banalisé servant à couvrir à peu près toutes les politiques intérieures et extérieures et l’exténuation des capacités traditionnellement associées avec la figure du citoyen. La crise du libéralisme ramène directement aux rapports de la citoyenneté et de la démocratie.

Démocratiser la démocratie suppose une conception critique de la citoyenneté qui peut s’articuler autour de plusieurs propositions : la transformation nécessaire est un processus sans cesse recommencé qui doit transgresser les limites et les formes institutionnelles reconnues, s’appuyer sur l’invention et pas seulement la résistance. C’est un travail des citoyens sur eux-mêmes, une lutte sur plusieurs fronts, où l’insurrection est la modalité active de la citoyenneté : une radicalité alternative et incertaine.

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Voir et savoir la contradiction des égalités

Mots-clés : Démocratie sociale, Féminisme

Septembre 2015 • Geneviève Fraisse

Comment penser l’égalité des sexes en échappant aux pièges de l’identité des sujets ou des normes de la domination ? Sans aucun doute il ne faut pas que penser, mais aussi se poser la question du comment penser ? Car le vrai problème est celui de l’historicité, face à la volonté répétée de mettre les sexes hors du temps politique. Que le monde soit sexué oblige à reconnaître la contradiction démocratique qui s’attache toujours à l’égalité des sexes. Reste à éclairer cette contradiction avec de nouveaux outils conceptuels, ceux qui nomment ces difficultés comme autant de tentatives pour fabriquer «leur» histoire.

Geneviève FRAISSE est philosophe et historienne de la pensée féministe. Directrice de recherches émérite au CNRS, elle a dispensé à Sciences Po un cours de philosophie Pensée des sexes et démocratie  dans le cadre de PRESAGE (Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre). Elle a été déléguée interministérielle aux droits des femmes de 1997 à 1998 et députée au parlement européen de 1999 à 2004, élue sur la liste Bouge l’Europe !  menée par Robert Hue.
Elle a publié, notamment, Muse de la raison, démocratie et exclusion des femmes  (1989, Folio-Gallimard 1995), Les femmes et leur histoire  (1998, Folio-Gallimard, 2010),  Les deux gouvernements : la famille et la cité  (Folio, Gallimard, 2000), Du Consentement  (Seuil, 2007),  A côté du genre, sexe et philosophie de l’égalité , Le bord de l’eau, 2010), Les excès du genre : concept, image, nudité  (Editions Lignes, 2014)

Le déclin électoral des partis de gouvernement et le rapport des citoyens à la politique

Mots-clés : Élections

Septembre 2015 • Pierre Martin

L’analyse des résultats des élections législatives dans 15 pays d’Europe occidentale depuis 1970 montre un déclin des partis gouvernementaux, qu’il s’agisse de la social-démocratie ou de la droite modérée, déclin compensé par la progression des écologistes et de la droite radicale. On observe également une volatilité électorale croissante, et une participation en diminution. Pourquoi ? Deux facteurs se conjuguent pour expliquer ce phénomène : les électeurs ont de plus en plus d’attentes, une vision de plus en plus consumériste de la politique, au moment où, avec le ralentissement de la croissance économique, les gouvernements ont de moins en moins la capacité de développer une politique basée sur le partage des fruits de la croissance.

L’affaiblissement des grandes forces politiques n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement des systèmes politiques occidentaux, qu’ils soient poussés à la polarisation ou aux coalitions. Ce qui n’est pas sans problème d’autant que la baisse du taux de croissance semble devoir perdurer…

Pierre MARTIN, politologue, chargé de mission à la FNSP, est Ingénieur de recherches CNRS au laboratoire PACTE ; il enseigne à l’Institut d’études politiques de Grenoble où il anime un groupe de recherches « Élections et Partis ». Spécialiste des élections et des systèmes partisans, il a publié « Le déclin des partis de gouvernement en Europe »In Revue  Commentaire, automne 2013, et  avec Florent Gourou, « Gauche, droite et vote populaire » In Commentaire, printemps 2014.

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