Les entreprises, acteurs politiques – les multinationales des cadres

Mots-clés : classes sociales, Économie mondiale, Économie politique, Mondialisation

1er février 2017 • Gérard Duménil

Les entreprises et plus particulièrement les multinationales sont devenues aujourd’hui des acteurs politiques qui participent à la concentration des pouvoirs économiques et politiques mondiaux.

Rencontre avec Gérard Duménil

Gérard Duménil, économiste, a travaillé avec Dominique Lévy à partir d’une gigantesque base de données mondiales prenant en compte les sociétés transnationales et les sociétés qui, d’une façon ou d’une autre y sont rattachées. Il constate que le pouvoir économique est concentré dans une pelote d’institutions financières qui se possèdent mutuellement et entre lesquelles il n’y a pas finalement concurrence. Ces institutions sont certes le lieu de la propriété du capital, mais en fait leur gestion  est dans les mains des très hauts cadres de ces sociétés : ils imposent leur discipline au plan mondial, définissent les critères de rentabilité, sont les policiers du système.

Dans les années 80 une mutation considérable s’est produite avec le renforcement du pouvoir de contrôle des institutions financières (notamment sur les institutions non financières). Aujourd’hui les inégalités  sont principalement des inégalités de salaires (qui ont cru de façon spectaculaire). Les très hauts cadres constituent une véritable internationale, exercent le vrai pouvoir économique dans le monde, et peuvent s’appuyer sur des relais gouvernementaux.

Gérard DUMÉNIL : économiste, ancien directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, membre du Comité de rédaction de la  Revue Actuel Marx, co-auteur (avec D. Lévy) de La grande bifurcation.  (La Découverte, 2014).

La souveraineté populaire est-elle possible ? La question du populisme (1)

Mots-clés : Néolibéralisme

25 Janvier 2017  • Chantal Mouffe

La souveraineté populaire est-elle possible ? La démocratie est maintenant revendiquée haut et fort par la quasi totalité des courants politiques. Pourtant, on ne cesse de parler de l’approfondissement de la « crise démocratique » et la distance entre les citoyen(e)s et les élus s’accroît sans cesse. Quelles sont les raisons de cette situation ? Comment redonner un contenu à la notion de souveraineté populaire et au mot « démocratie » dont on ne sait plus aujourd’hui ce qu’il recouvre réellement ? Le populisme est-il la réponse à cette situation ?

Rencontre-débat organisée par la Fondation Copernic, la Fondation Gabriel Péri et l’Institut Tribune Socialiste  dans le cadre de leur séminaire commun : « Qu’est-ce qui fait débat à gauche aujourd’hui ? »

Chantal MOUFFE constate que l’idée de souveraineté populaire, qui avait été déclarée obsolète à l’âge de la mondialisation, fait un retour en force dans les discours qu’on dit populistes, tant de droite (Brexit, Trump, Le Pen…) que de gauche (Sanders, Podemos, Mouvement 5 étoiles…). Pourquoi ?

Parce qu’il s’agit d’une manifestation de résistance face à la situation post-démocratique qui est le produit de trente ans d’hégémonie néo-libérale : la tension entre la tradition démocratique (souveraineté populaire, défense de l’égalité) et la tradition politique libérale (défense de l’État de droit, séparation des pouvoirs, défense des libertés) n’existe plus : tout ce qui a à voir avec la tradition démocratique a disparu. D’où une situation de « consensus » (il n’y a pas d’alternative à la globalisation néo-libérale), et dans le même temps un processus d’oligarchisation des sociétés (accroissement et concentration des inégalités).

Le moment populiste est l’expression d’une réaction contre le moment post-démocratique, un appel pour redonner un caractère démocratique à nos sociétés, refuser la liquidation des souverainetés par le néo-libéralisme.

Les populismes se construisent différemment. Le populisme de droite est construit comme une communauté nationale et sans volonté d’égalité. Le populisme de gauche a pour objectif de fédérer toute une série de demandes démocratiques, diverses, hétérogènes, afin de promouvoir l’égalité et de radicaliser la démocratie ; il est pluraliste, repose sur des chaînes d’équivalences, suppose des affects communs symbolisant non l’identité mais l’unité.

La seule façon de lutter contre le populisme de droite, c’est un populisme de gauche.

Chantal MOUFFE est philosophe. Sa réflexion s’articule notamment autour de l’idée de « démocratie radicale ». Elle a publié récemment : L’illusion du consensus (Albin Michel)

 

La souveraineté populaire est-elle possible ? La question du populisme (2)

25 Janvier 2017  • Pierre Khalfa

La souveraineté populaire est-elle possible ? La question du populisme est la question que se pose Pierre Khalfa dans le cadre de la rencontre-débat organisée par la Fondation Copernic, la Fondation Gabriel Péri et l’Institut Tribune Socialiste  dans le cadre de leur séminaire commun : « Qu’est-ce qui fait débat à gauche aujourd’hui ? »
La crise démocratique que nous vivons est  liée à la conjonction de deux phénomènes actuels : la domination du consensus néo-libéral qui exclut du débat et des discussions citoyennes toute une série de sujets, et la montée, partout, des lois sécuritaires. Plus profondément elle est liée à la mise en place, depuis le XVIII° siècle, de systèmes représentatifs dont l’objectif explicite était de contrer la démocratie. Toutefois, aux XIX° et XX° siècles, le développement  du suffrage universel, la montée en puissance du mouvement ouvrier, la reconnaissance de droits fondamentaux et sociaux, l’existence d’espaces publics, vont permettre d’autres développements de la démocratie. Ce sont ces éléments qui sont rentrés en crise dans les années 1970.

On peut considérer que « souveraineté populaire » et « démocratie » sont des équivalents. L’objectif est de créer des institutions qui permettent la participation de toutes et tous à tout pouvoir existant, de décider et de participer à tout ce qui les concerne. Sur ce  plan la démocratie n’est pas simplement un système institutionnel, et la notion d’égalité est à la fois un présupposé et une visée.

Le terme de populisme sert, le plus souvent, dans les débats actuels à stigmatiser ceux qui refusent l’ordre dominant ; on ne peut pas accepter ce type de manoeuvre politique. Pour autant on peut avoir des raisons pour ne pas se réclamer du populisme, non seulement parce qu’il entretient une confusion (avec le populisme d’extrême-droite) voulue par nos adversaires, mais surtout parce qu’il aboutit à réduire tous les antagonismes à un seul (hier le capital/le travail, aujourd’hui le peuple/les élites). Il faut plutôt envisager de bâtir des convergences stratégiques sur des projets communs avec un imaginaire commun.

Pierre KHALFA est économiste, coprésident de la Fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d’Attac.)

Énergies renouvelables, une opportunité pour les acteurs locaux

Mots-clés : Nucléaire, Politique énergétique

17 Janvier 2017 • Gérard Magnin

La question des énergies renouvelables est souvent traitée sous un angle réducteur et en opposition les unes aux autres. La façon dont le sujet est transmis aux citoyens est presque toujours technique et économique comme si les règles du jeu ne pouvaient être appréciées que des seuls spécialistes. Un colloque inter-régional intitulé : Énergies renouvelables plus pertinentes que jamais, une opportunité pour les acteurs locaux organisé par RESCOOP (fondation européenne pour les groupes et les coopératives de citoyens pour l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique) s’est tenu le 17 janvier 2017 à Eupen (Belgique). Gérard Magnin y affirme que les énergies renouvelables peuvent être une opportunité pour de grands changements. Pour lui, nos choix énergétiques sont porteurs de valeurs universelles et sont à l’épreuve de ce qui fait sens dans notre vie quotidienne. Ces préoccupations sont largement partagées par les élus locaux qui se sont volontairement engagés sur les objectifs énergétiques et climatiques de l’Union européenne. L’article ci-dessous a servi de base à son intervention au Colloque.

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