Mots-clés : Répression
24 Novembre 1977 • Interview de Michel Foucault par René Lefort
La question de la sécurité, face au terrorisme, se pose à l’Etat en 1977 suite à l’affaire Klauss Croissant. Cet avocat, réfugié en France après avoir été emprisonné en Allemagne pour avoir défendu des militants politiques en 1968 et en 1971 membres du groupe Baader-Meinhof, a finalement été remis aux autorités judiciaires allemandes le 17 Novembre 1977. La gauche n’a pas su éviter le piège de l’amalgame entre juridique et terrorisme. La sécurité est au-dessus des lois ! L’Etat qui garantit la sécurité est un Etat qui est obligé d’intervenir chaque fois qu’un évènement exceptionnel se produit, du coup la Loi n’est plus adaptée et l’Etat agit avec sollicitude, se croyant autorisé à tout pour protéger. L’Etat tire avantage de ce discours et des contraintes qui découlent du besoin de sécurité. Il faut faire prendre conscience que la contestation est pourtant toujours possible, en particulier dans le développement de l’autonomie régionale, afin que les structures de l’Etat n’aient pas la possibilité de se développer sans contrainte ni contrôle.
Mots-clés : Mouvements révolutionnaires, Répression, URSS - Débats politiques
17-23 Novembre 1977 • Victor Fay
Cent trois délégations étrangères sont allées à Moscou pour célébrer l’anniversaire de la Révolution d’Octobre 1917 en URSS. Tous, ont rendu hommage au glorieux passé ; peu nombreux ont été ceux qui ont mis sur le même plan ce passé, devenu légendaire, et le présent de plus en plus contesté et même répudié. Brejnev, dans son discours a été à la fois ferme et conciliant. Si Berlinguer a été autorisé à montrer les désaccords entre le PCI et le PCUS, en revanche, Carillo, pour l’Espagne a du quitter la tribune. Les dirigeants communistes de l’URSS, par la voix de Brejnev, ne supporte pas l’ingérence, la remise en cause des choix économiques et politiques. Il serait, d’ailleurs, illusoire de croire qu’on s’oriente vers la libéralisation du régime comme en témoigne la nouvelle Constitution, encore plus répressive que celle de Staline en 1936. Brejnev a cependant proposé la suspension de toutes les expériences nucléaires et la réduction progressive des stocks d’armes de destruction massive, mais n’a pas proposé la réduction des armes classiques. Pour Victor Fay, la poussée des générations nouvelles, avides de pouvoir, laisse présager, malgré les efforts tendant à figer l’état des choses existant, une évolution inévitable, à plus ou moins long terme, que nulle répression ne pourra empêcher.
Mots-clés : Mouvements sociaux, Socialisme autogestionnaire, stratégie politique
17-23 Novembre 1977 • Jean-Marie Demaldent, Marie-Françoise Chailleux, Michel Mousel
Le Conseil National PSU de Limoges a imposé le mot d’autogestion à ceux qui n’y voyaient qu’un piège. Les délégués ont pu, au cours des commissions faire des propositions concrètes pour reconstruire l’unité. Une place importante des débats a tenté d’expliquer la causes de la rupture de l’union de la gauche et l’enjeu de la bataille politique de 78. Le Conseil National a affirmé l’importance de la confrontation avec les forces politiques et syndicales sur les conditions d’une reconstruction de l’unité avec le PCF et le PS. Le combat pour l’unité d’action passe d’abord par l’action commune contre le capitalisme. Cette action permettra de combattre la politique anti-ouvrière du pouvoir et de préparer l’offensive des travailleurs. Le gage de cette action est l’existence du courant autogestionnaire qui doit se rassembler et doit être présent lors des prochaines élections. La presse a largement fait écho dans ses colonnes des débats qui ont pu animer ce Conseil National.
Mots-clés : participation, Pouvoir populaire, Socialisme autogestionnaire
13-19 Octobre 1977 • Alain Touraine, Propos recueillis par Claude Deslhiat, Léo Goldberg
« Il n’y aura jamais de société autogestionnaire »
Le changement dans nos sociétés est au coeur des préoccupations d’Alain Touraine, sociologue. Il accorde à sa réflexion une priorité à la pratique plutôt qu’aux théories. Ceci l’amène à réfléchir sur les nouveaux mouvements sociaux et les formations politiques, en particulier, sur ceux qui se réclament de l’autogestion. Pour lui, l’autogestion, au sens le plus noble du terme est une idéologie, c’est-à-dire la représentation qu’un acteur social a de la situation dans laquelle il se trouve. Il poursuit en précisant que l’autogestion c’est le mot qui porte les aspirations anti-technocratiques de notre époque, la volonté de libération et de reconstruction de la société. L’autogestion c’est l’idéologie populaire du présent, la volonté de créer des mécanismes de décisions démocratiques dans tous les secteurs. L’autogestion cerne une aspiration libertaire, le refus de la manipulation. C’est dans ce sens qu’Alain Touraine déclare qu’il n’y aura jamais de société autogestionnaire, ni de société libre, tout en précisant que cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faille pas se battre pour l’autogestion comme on s’est battu pour la liberté.