Mots-clés : autogestion, Démocratie, Mouvements sociaux
24 septembre-23 Octobre 1980 • Huguette Bouhardeau, Jacek Kuron, Cardinal Wyszynski, Bernard Ravenel
Les grèves de l’été 1980 en Pologne ont été exceptionnelles par leur ampleur et leur signification politique. Tribune Socialiste retrace la chronologie des évènements du 9 juillet au 31 Août 1980. Jacek Kuron, un des fondateurs les plus connus et les plus populaires du KOR (comité d’auto-défense sociale) déclare que les polonais eux-mêmes, contre le gré du pouvoir, peuvent résoudre la crise et emprunter la voie de la démocratisation. Il se donne comme programme la construction d’une société démocratiquement organisée en associations professionnelles ou coopératives, économiquement et localement autogestionnaires. C’est sur cette base qu’Huguette Bouchardeau dans son éditorial analyse la construction politique proposée par les travailleurs polonais face à la crise du régime et aux risques de tension internationale avec le pouvoir soviétique. La mise en place de l’autogestion de la représentation des travailleurs lancée par Lech Walessa ne peut qu’interpeler les militants PSU. Les 21 propositions définies par le comité central inter-entreprises de grève de Gdansk sont retranscrites dans ce dossier. Bernard Ravenel fait le point sur l’analyse de la Direction Politique Nationale à propos des évènements polonais
Mots-clés : Chômage, Emploi, Sidérurgie
Septembre - Octobre 1980 • Albert Rosse
La crise dans le secteur automobile menace l’emploi. Le Rapport Stoffaès (chef du centre d’études et de prévision du Ministère de l’Industrie), rédigé en 1978, prévoyait déjà 8.000 emplois en moins chaque année dans le secteur automobile jusqu’en 85. La crise est mondiale. Aux Etats-Unis ce sont 350.000 chômeurs auxquels viendront s’en ajouter presque autant dans les années à venir. En Italie, Fiat a annoncé 15.000 licenciements pour tout de suite. La Grande Bretagne qui produisait environ 11% du total mondial des véhicules immatriculés en 1959 n’en produisait plus que 3,9% en 1978. En France, 2.400.000 personnes travaillent directement ou indirectement de l’industrie de l’automobile (plus de 10% de la population active). C’est dire l’ampleur de la bataille sociale qui s’annonce.
Pour discuter d’un programme alternatif à la crise du secteur le PSU organise le 11 Octobre 1980, en plein salon de l’auto, un colloque. Ce colloque a été organisé par la Commission Nationale Entreprise et a réuni de nombreux militants du PSU de Peugeot-Sochaux, Renault-Flins et Billancourt, Citroën-Levallois, Carrier-Alençon. Sol Picciotto, de l’Institut pour le Contrôle Ouvrier; et Daves Edwards, Délégué du Personnel de chez TALBOT-Coventry ont permis de mesurer l’ampleur internationale de la crise. La réduction massive du temps de travail s’impose comme une solution pour la sauvegarde des emplois. L’introduction des techniques nouvelles de production doit rester contrôlée par les ouvriers producteurs. Une nouvelle politique des transports doit accompagner la recherche de solutions pour l’emploi dans ce secteur.
Mots-clés : Conditions de travail, femmes, Nouvelles technologies, Organisation du travail
Septembre - Octobre 1980 • Bertrand Fruchey et Joël Sons, Paul Sztejn, Dominique Lambert, Jean Lesage, René Schulbaum
Transistors, informatique, télématique, ordinateurs… autant de termes de produits apparemment disparates mais pourtant liés par une même technologie. De nouvelles technologies qui vont progressivement transformer les conditions de travail, et notamment celles des femmes. Ces dernières pressentent les dangers qui les guettent au travers de la bureautique. On peut se demander si les progrès de l’informatique ne vont pas condamner les travailleurs à la déqualification et au chômage. La CFDT au cours d’un colloque le 25 septembre 1979, intitulé : « Quel avenir pour la valeur du travail ? » fait neuf propositions pour éviter le chômage, obliger les patrons à la formation sur les nouveaux postes, et pour mieux anticiper les investissements informatiques. L’Union départementale C.G.T de Paris s’exprime à l’occasion des journées de travaux et d’expression publique sur ce sujet et prône l’intervention des travailleurs sur le lieu du travail pour évaluer les évolutions des conditions de travail. Un cadre juridique, donné par deux nouvelles lois : informatique et libertés, construction de fichiers informatiques et protection de la vie privée, peut être un garde fou. Cependant ce contrôle législatif peut devenir aussi un instrument redoutable.
Mots-clés : Pologne
Septembre-Octobre 1980 • Bernard Ravenel, Aleksander Smolar
Les grandes idées du partage de Yalta, un monde libre contre le système totalitaire, risquent de s’effondrer après l’été polonais et ses mouvements de contestation des travailleurs. A Gdansk, la situation intérieure prend un tour inquiétant. Lech Walessa, au lendemain de la réunion des représentants des syndicats indépendants, manifeste son inquiétude face à la volonté du pouvoir d’entraver l’application des accords et d’en annuler petit à petit les acquis. De son côté, la Pravda insiste lourdement sur la nécessité de rétablir la toute puissance de l’autorité du parti et dénonce les ingérences étrangères anti-socialistes. Le contexte international doit être pris en compte pour comprendre les risques qu’entraîneraient une intervention armée de l’URSS car la Pologne de 1980 n’est pas la Tchécoslovaquie de 1968. Ainsi se trouve posé la question de la remise en cause de la politique des blocs comme obstacle à une paix durable, à l’autodétermination, à l’autogestion. Les travailleurs polonais ont avec réalisme pris en compte cette difficulté et n’ont pas exigé une modification radicale des rapports avec l’URSS.